Est-ce qu’on perd des points quand on fait un accident ?

Lorsqu’un conducteur est impliqué dans un accident, la première inquiétude concerne souvent l’effet sur son permis. Contrairement à une idée reçue, être impliqué dans un accident ne signifie pas automatiquement perdre des points. Ce sont les infractions commises pendant l’accident qui déterminent si des points seront retirés. Cette nuance est importante, car elle influence les démarches à suivre après le sinistre, comme par exemple la possibilité de faire un constat le lendemain si les circonstances l’exigent.

Système de points du permis de conduire et accidents responsables

Savoir comment fonctionne le permis à points est important pour tout conducteur. Lorsqu’un accident survient, beaucoup se demandent quelles conséquences il peut avoir sur leurs points et sur leur assurance. Ce guide explique comment les infractions commises lors d’un accident peuvent affecter le permis, la responsabilité civile et le système d’assurance.

Principe du retrait de points en France

Le système français de points s’appuie sur des règles claires établies par le Code de la route. Les déductions concernent seulement les infractions prévues par la réglementation, quel que soit le contexte de l’accident. Lorsqu’un accident est responsable, plusieurs infractions peuvent être relevées simultanément, chacune étant sanctionnée individuellement selon sa gravité. Le cumul des retraits de points lors d’un même contrôle est encadré, protégeant le conducteur contre des pertes trop importantes.

La constatation d’une infraction se fait au moment du paiement de l’amende forfaitaire, de l’émission d’une amende majorée, de l’exécution d’une composition pénale ou après une condamnation définitive. Autrement dit, les points ne sont pas retirés immédiatement après l’accident, mais au moment où l’infraction est juridiquement validée. Cette distinction peut laisser un délai utile pour envisager des démarches avant la déduction effective des points.

Infractions et gravité des sanctions

Lorsqu’un accident engage la responsabilité du conducteur, les infractions les plus fréquentes concernent l’excès de vitesse, le non-respect des priorités ou l’usage du téléphone au volant. Les sanctions sont graduées selon le risque présenté par chaque comportement, les violations les plus dangereuses entraînant les conséquences les plus lourdes. Certaines situations, comme le délit de fuite ou la conduite sous l’influence de l’alcool ou de stupéfiants lors d’un accident corporel, entraînent les retraits les plus importants et des sanctions financières sévères.

Différence entre responsabilité civile et retrait de points

Il est indispensable de distinguer responsabilité civile et retrait de points. Un conducteur peut ne pas être civilement responsable d’un accident en ayant commis une infraction sanctionnée par une déduction de points. Inversement, un conducteur responsable au civil ne perdra des points que s’il a enfreint une règle de circulation. Cette distinction explique pourquoi un même accident peut donner lieu à des conséquences différentes selon qu’on considère l’indemnisation des dommages ou les infractions constatées par les forces de l’ordre.

Interaction avec le système d’assurance

Le système d’assurance, avec son bonus-malus, fonctionne indépendamment du permis à points. Le malus dépend seulement de la responsabilité civile dans l’accident, alors que les points sont retirés en fonction des infractions constatées. Ainsi, un conducteur peut subir un malus important en conservant ses points, ou perdre des points sans malus si sa responsabilité civile n’est pas engagée. Cette distinction évite de pénaliser doublement les conducteurs impliqués dans des situations complexes.

Infractions dues aux accidents entraînant des retraits de points

Lorsqu’un accident survient, certaines infractions commises par le conducteur peuvent entraîner un retrait de points sur le permis. Ces violations du Code de la route varient en gravité et sont sanctionnées en fonction de leur dangerosité et des circonstances de l’accident.

Excès de vitesse lors d’accidents

L’excès de vitesse est l’infraction la plus souvent relevée lors des accidents de la route. Le retrait de points varie selon l’ampleur du dépassement : les excès modestes entraînent une perte limitée, alors que les dépassements importants peuvent conduire à la sanction maximale et à des poursuites pénales. Cette gradation reflète le risque croissant d’accidents graves avec la vitesse.

Pour établir l’excès de vitesse, les forces de l’ordre peuvent utiliser des dispositifs techniques ou s’appuyer sur des témoignages fiables. L’analyse des traces de freinage, des dégâts matériels ou des déclarations de témoins permet d’estimer la vitesse au moment de la collision, ce qui influence les sanctions et souligne l’importance d’une défense adaptée en cas de contestation.

Non-respect des priorités dans les intersections

Le non-respect des règles de priorité dans les carrefours est une cause fréquente d’accidents urbains. Cette infraction entraîne systématiquement la perte de points et une amende, en raison du danger élevé de ces situations, souvent à l’origine d’accidents corporels. Les intersections concentrent de nombreux flux de circulation, rendant le respect des priorités très important.

Pour déterminer cette infraction, les forces de l’ordre analysent la signalisation, la configuration de l’intersection et les témoignages. Dans certains cas, plusieurs conducteurs peuvent avoir commis des violations simultanément, chacune faisant l’objet d’une sanction individuelle.

Conduite sous l’influence d’alcool ou de stupéfiants

Conduire sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiants lors d’un accident est l’une des infractions les plus graves. Elle entraîne la perte maximale de points et des sanctions pénales sévères, incluant des amendes, des peines d’emprisonnement et des suspensions prolongées du permis.

Lorsqu’un accident corporel est impliqué, les sanctions sont renforcées. Les tribunaux considèrent que l’association de l’intoxication et de l’accident reflète un mépris marqué pour la sécurité d’autrui, justifiant l’application combinée de sanctions pénales, administratives et civiles pour dissuader ces comportements dangereux.

Refus d’obtempérer et délit de fuite

Le délit de fuite après un accident matériel est une infraction importante, sanctionnée par un retrait maximal de points, une amende importante et des peines d’emprisonnement. Cette violation complique également les démarches d’indemnisation et prolonge les procédures pour les victimes.

Le refus d’obtempérer aux injonctions des forces de l’ordre est une infraction distincte, également sanctionnée par la perte maximale de points. Ce comportement peut survenir lorsque des conducteurs tentent d’échapper à un contrôle après un accident, aggravant leur situation. L’accumulation de ces infractions peut rapidement entraîner l’invalidation du permis, surtout pour ceux dont le nombre de points avait déjà été réduit par des infractions antérieures.

Procédure administrative de constatation et contestation des retraits

La constatation des infractions lors d’un accident suit un protocole strict prévu par le Code de procédure pénale. Les forces de l’ordre disposent d’un délai de trois mois pour transmettre le procès-verbal au service des amendes, qui a ensuite trois années pour émettre l’avis de contravention. Cette chronologie détermine le moment où les points sont effectivement retirés, qui correspond au paiement de l’amende ou à l’émission d’une amende majorée en cas de non-paiement.

Contester une infraction relevée lors d’un accident nécessite de respecter des délais stricts et des formalités particulières. Le conducteur dispose de 45 jours à compter de la réception de l’avis de contravention pour demander son exonération. Cette contestation suspend la perte de points jusqu’à la décision finale, fournissant un délai utile pour entreprendre des démarches afin de protéger ses points. La qualité de la défense et la pertinence des arguments présentés influencent fortement les chances de succès.

L’assistance d’un avocat spécialisé en droit routier peut être déterminante dans les procédures complexes. Ces professionnels maîtrisent les subtilités de la procédure et peuvent repérer des irrégularités susceptibles d’invalider les procès-verbaux. Leur intervention permet également d’évaluer les chances de succès de la contestation et de guider les actions en fonction des particularités de chaque dossier.

Récupération de points après accident et stages de sensibilisation

Après un accident, il est possible de récupérer des points perdus sur le permis de différentes manières. Selon la gravité des infractions et le solde de points restant, le conducteur peut suivre un stage volontaire ou bénéficier d’une récupération automatique. Dans les cas les plus graves, une procédure particulière est nécessaire après une annulation de permis.

Stage volontaire pour récupérer jusqu’à 4 points

Le stage volontaire de sensibilisation à la sécurité routière est le moyen le plus rapide de regagner des points après un accident. Cette formation de deux jours, dispensée dans des centres agréés, permet de récupérer jusqu’à 4 points sur le permis de conduire. Son coût, généralement compris entre 200 et 300 euros selon les régions et les organismes, reste modéré comparé aux conséquences d’une éventuelle invalidation du permis.

L’efficacité du stage dépend du respect de certaines conditions. Il ne peut être suivi qu’une seule fois par période de douze mois, et n’est accessible qu’aux conducteurs ayant au moins un point restant sur leur permis. Cette limitation empêche les usages répétitifs et préserve le caractère particulier du dispositif. Programmer le stage au bon moment peut éviter l’invalidation du permis, notamment après un accident révélant plusieurs infractions.

Jurisprudence récente et évolutions réglementaires en matière de points

Les décisions récentes des tribunaux montrent un renforcement de la protection des conducteurs contre les retraits de points jugés abusifs. La Cour de cassation a stipulé, dans plusieurs arrêts de 2023, les conditions de validité des procès-verbaux d’accident, exigeant notamment la mention claire des circonstances ayant permis de constater l’infraction. Cette exactitude donne de nouvelles possibilités de contestation pour les conducteurs estimant avoir été sanctionnés à tort. Les tribunaux accordent également une vigilance renforcée aux vices de procédure susceptibles d’annuler les retraits de points.

Les réformes réglementaires de 2024 ont apporté plusieurs changements notables au système de points. La suppression du retrait d’un point pour les excès de vitesse inférieurs à cinq kilomètres par heure est la mesure la plus visible, répondant aux observations sur la rigueur trop importante du système français par rapport aux standards européens. Parallèlement, les sanctions pour usage du téléphone portable ont été renforcées, reflétant l’adaptation du droit routier aux risques découlant des nouvelles technologies, très préoccupants dans les accidents.

L’harmonisation européenne des systèmes de retrait de points reste un challenge important pour les années à venir. Les différences actuelles entre États membres créent des disparités dans l’application des sanctions, notamment dans le cadre de la libre circulation. Les projets de directives européennes prévoient un système de reconnaissance mutuelle des retraits de points, ce qui pourrait modifier la gestion des infractions transfrontalières. Les conducteurs français devront donc rester vigilants quant aux infractions commises à l’étranger, qui n’ont traditionnellement pas de répercussion sur leur permis national.

Enfin, l’intégration croissante des technologies de l’information dans la gestion des permis modifie progressivement les modalités de contrôle et de sanction. Le déploiement du permis électronique et l’interconnexion des fichiers policiers européens renforcent l’efficacité du système. Ces évolutions s’accompagnent de garanties renforcées pour les conducteurs, notamment en matière de protection des données personnelles et de droits de contestation. L’équilibre entre efficacité des contrôles et protection des droits individuels reste au centre des débats sur l’avenir du système de points français.

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